Ça Se Passe Là-Haut

Ça Se Passe Là-Haut

L'infini se contemple indéfiniment.

Eric Simon

Astronomie, astrophysique, cosmologie, astroparticules...

Soutenir ce podcast Soutenir ce podcast
En cours de lecture

Meurtre au Gran Sasso - Chapitre 10

— Charlie, il faut que je te dise un truc… Pascali, le gars du Labo qui nous a fait rentrer, il s’est foutu en l’air ! Il s’est volontairement planté dans un arbre à pleine vitesse, le con… Mais il est encore vivant, dans le coma, apparemment. C’est un truc de fou…
— Il a dit quelque chose au FBI ?
— J’en sais rien justement… Ce que je sais, c’est que le mec qui enquête ici, Hooper, il a rappliqué immédiatement dès le matin où on a appris l’accident. Ils ont scellé son bureau… C’est plutôt bizarre, non ?
— C’est pas bon, ça…
— Non, c’est pas bon… Tu crois qu’il aurait pu leur parler ?
— On n’est jamais sûr avec des mecs comme ça… Et tu me dis qu’il est dans le coma ? Si jamais il ne leur avait encore rien dit et si jamais il se réveillait…, tu sais ce qu’il faudrait faire ?...
— Oui, je sais. Je m’en occuperai. Je vais d’abord aller vérifier à l’hosto son état exact discrètement…
— Ouais, et tu me tiendras au courant, hein. Putain ! Pourquoi ils auraient scellé son bureau si il n’avait pas parlé ? Franchement, j’avais des gros doutes sur le gars quand tu l’avais proposé…

En cours de lecture

Meurtre au Gran Sasso - Chapitre 9

Cristina tapait sur son clavier à un rythme soutenu. Elle était en train de préparer un article de revue pour Astroparticle Physics. Elle faisait une synthèse des performances des différentes expériences de recherche de matière noire dans le monde, et pas seulement les expériences de détection directe mais aussi les recherches indirectes avec des satellites qui cherchaient des rayons gamma spécifiques, qui seraient des signatures de l’annihilation des WIMPs au centre des galaxies. Elle devait également parler des recherches de signes de particules non-standard au LHC mais cette partie lui donnait du fil à retordre car elle maîtrisait beaucoup moins bien ces aspects.
A 11h tapantes, elle se leva de son fauteuil et se dirigea vers le petit salon pour faire sa pause café du matin. Elle n’était pas encore arrivée au niveau de la bonbonne d’eau lorsqu’elle aperçut un groupe de personnes attroupées, il y avait plusieurs chercheurs et techniciens et la secrétaire au milieu. Cristina comprit qu’il s’était passé quelque chose. Elle ressentit comme un frisson glacé.
Elle s’approcha du groupe, et sans qu’elle n’eut prononcé un seul mot, Alessandro, un technicien, se tourna vers elle et lui dit : « Paolo Pascali a eu un grave accident hier soir… ».
Cristina resta sans voix.
(...)

En cours de lecture

Meurtre au Gran Sasso - Chapitre 8

— Pourquoi la clé à molette se trouvait au sol de l'autre côté du hall vers les grilles de la ventilation. Je ne comprends pas... Ça n'a pas de sens. Pourquoi le meurtrier aurait pris la peine de traverser le hall à la vue de quiconque pour déposer cet outil qui lui avait servi à commettre son crime ?
Tom Hooper parlait à son enregistreur. Il y notait oralement ses propres interrogations, qui lui permettaient le plus souvent de rendre plus clairs les comptes rendus par email qu'il devait faire chaque jour en soirée.
— Cette fille est vraiment futée... et motivée en plus. Il faut l'impliquer d'avantage, mais sans que Castelli et ses acolytes ne le sachent, ils ne l'accepteraient jamais. Bon, l'idée du même badge pour faire entrer deux personnes est très intéressante. Vérifier les empreintes. Il n'y a aucune raison de trouver deux types d'empreintes sur ce genre de badge personnel. Bon, reprenons. Pascali arrive le matin avant tout le monde, mais après les gardiens. Il arrive seul. Il badge, il ouvre la porte, mais avant d'entrer, lance son badge à l'extérieur, dans un endroit pas trop visible... il faut retourner au tunnel pour voir comment on peut faire ça.... Bon... Il lance son truc et il entre aussitôt. Il faut vérifier des traces de particules fines sur le badge...

En cours de lecture

Meurtre au Gran Sasso - Chapitre 7

Il faisait chaud ce soir à la Taverne. Cristina s'était installée à une table assez près de l'entrée, de manière à ce que Hooper ne puisse pas la rater. Elle était arrivée plus tôt que prévu finalement. Ils s’étaient dits vingt et une heure mais elle s'était pointée à vingt heure quarante-cinq, après avoir eu le temps de repasser chez elle pour se changer. Au moins, la musique était bonne, ce qui n'était pas le cas tous les jours dans ce lieu qui était géré par une bande d'amis, mais qui n'avaient pas tous les mêmes goûts musicaux. Ce soir, c'était celui qui aimait Beach House et Yo La Tengo. Ça faisait du bien d'entendre ces groupes en dehors de chez soi... La Taverne était un peu plus qu'un bar, presque une trattoria, on pouvait y grignoter des petites choses pour accompagner la bière. L'ambiance était feutrée, surtout en hiver. Les luminaires fournissaient un éclairage dans les tons orangés qui étaient propices à la discussion.
Moins cinq, Hooper franchit la double porte. Elle n'eut même pas besoin de lever la main pour se signaler, Tom Hooper la vit tout de suite et se dirigea vers elle pour prendre place nonchalamment en face d'elle.
— Bonsoir Mademoiselle Voldoni.
— Bonsoir agent Hooper... Comment allez-vous ?
— Moi ? Bien, je vais bien merci... Je ne vous ai pas vue ce matin au Centre, vous êtes partie tôt ?
(...)

En cours de lecture

Meurtre au Gran Sasso - Chapitre 6

Je sais bien que c'est une quête sans fin. Il se peut très bien que la matière noire n'ait jamais existé et que les observations étranges de rotation des galaxies soient dues à autre chose comme des effets de la gravitation encore totalement incompris. Mais on cherche quand même cette matière noire. Il faut chercher cette possible explication. Pour se rassurer ou pour se dire qu'on a bien cherché toutes les pistes, même les plus loufoques. C’est vrai que ça peut paraître presque trop simple : les étoiles des galaxies tournent trop vite par rapport au cas où elles seraient les seules présentes, alors on imagine qu'il y a une autre matière massive qui les englobe, mais qui est invisible. Facile.
On a du mal à imaginer les quantités phénoménales de particules en tout genre qui nous traversent à chaque seconde. Déjà, imaginer des photons, qu'ils soient de la lumière visible, infra-rouge ou des rayons gamma n'est pas aisé, mais quand on évoque des neutrinos ou des muons, c'est encore plus ardu, alors des WIMPs... C'est pourtant indispensable de penser les WIMPs, de les imaginer filant à grande vitesse tout autour de nous, de les voir traverser son propre corps sans aucune interaction, et de les visualiser en train de collisionner un noyau atomique de xénon de notre détecteur puis repartir dans une autre direction vers l'autre bout de l'univers.
(...)