Il y avait trois éléments radioactifs à éliminer du xénon liquide qu’utilisaient les expériences de recherche directe de particules de matière noire dans leurs tunnels ou leurs mines désaffectées, tout d’abord le krypton-85, un isotope produit au cours des réactions nucléaires de fission dans les centrales nucléaires ou dans les essais de bombes atmosphériques et qu’on retrouvait partout sur Terre incorporé au krypton naturel à un taux de l’ordre du centième de milliardième de gramme par gramme.
Il y avait ensuite le radon-222, ce gaz qui se dissolvait dans le xénon liquide, qui disparaissait rapidement car il avait une demi-vie radioactive de moins de quatre jours, mais qui réapparaissait sans cesse, produit en continu par le radium-226 qui provenait lui de l’uranium-238 qu’on retrouvait naturellement un peu partout.
Et enfin il y avait le xénon-136, qui était un isotope radioactif parmi les autres isotopes du xénon, et qui avait la particularité d’émettre à chaque désintégration deux électrons, accompagnés ensemble de deux antineutrinos, ce qui n’arrivait vraiment pas souvent. Mais avec des masses de xénon liquide de plusieurs tonnes, la quantité totale de xénon-136 était suffisante pour en voir quelques désintégrations en l’espace d’une heure. Le xénon-136 était considéré stable par certains physiciens ou chimistes, sa période radioactive valant 157 milliards de fois l’âge de l’univers, mais il ne pouvait pas être considéré stable par les physiciens étudiant des interactions très rares de quelques événements par an dans plusieurs tonnes de matière.
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